Rencontre historique à l’université du Cachemire pour le Groupe de Travail du C20 sur l’Égalité des Genres et le Handicap

L’événement s’est principalement concentré sur les actions que les citoyens doivent entreprendre pour assurer la sécurité des femmes et des filles et sur la manière d’inclure les hommes et les garçons dans ce processus.
Le Groupe de Travail sur l’Égalité des Genres et le Handicap (GED) du Civil 20 a organisé un dialogue de deux jours sur les politiques à mener, à Srinagar, les 13 et 14 février 2023, pour aborder les sous-thèmes de la Sûreté et de la Sécurité des Femmes et de la Mobilisation des Hommes et des Garçons en faveur de l’égalité des genres. Cet événement historique, organisé par l’université du Cachemire, a été l’occasion d’une première collaboration avec l’université Amrita Vishwa Vidyapeetham.
Il s’agissait également de la première réunion hybride du GED, organisée en présentiel et par séminaire en ligne, avec 90 participants représentant huit pays – Argentine, Australie, Bangladesh, Brésil, Canada, Inde, Italie et États-Unis. Les co-coordinateurs indiens du GED, la Dre Bhavani Rao et Mme Nidhi Goyal, ont présidé l’événement.
Parmi les invités d’honneur figuraient la professeure Nilofar Khan, Vice-présidente de l’université du Cachemire, M. Vijay K. Nambiar, Ambassadeur des Nations Unies et Sherpa du C20 Inde, le professeur Nisar Ahmad Mir, Secrétaire général de l’université du Cachemire ; M. Shombi Sharp, Coordinateur résident des Nations Unies pour l’Inde ; Mme Kanta Singh, Représentante adjointe de l’ONU pour les Femmes en Inde ; Mme Huma Masood, Spécialiste principale du genre à l’UNESCO ; Mme Nayana Sahasrabudhe de Bharatiya Stree Shakti (Commission nationale pour les femmes) ; et l’Inspectrice générale de la Central Reserve Police Force, Mme Charu Sinha (IPS).
Dans son discours présidentiel, la professeure Nilofar Khan a déclaré : « Ces deux thèmes nous tiennent à cœur, à l’université du Cachemire et à moi. Tout au long de ma carrière professionnelle de 38 ans, j’ai défendu ces deux thèmes. C’est vraiment une occasion historique pour l’université du Cachemire d’accueillir cette réunion de deux jours du groupe de travail du Civil 20 sur l’égalité des genres et le handicap, qui offre une plateforme à toutes les parties prenantes importantes pour délibérer sur les thèmes identifiés. »
« C’est un honneur pour moi de participer à cette réunion du groupe de travail sur l’égalité des genres et le handicap, avec un éclairage particulier sur les deux thèmes de la sûreté et de la sécurité et de la mobilisation des hommes et des garçons », a déclaré M. Nambia dans son discours de bienvenue en tant que Sherpa du C20. Il a rendu hommage à l’université du Cachemire qui a gracieusement accueilli le programme.
« En qualité de présidente du C20, Sa Sainteté Mata Amritanandayami Devi, ou Amma, incarne une vision de la société civile où l’individu et la famille, ainsi que la société, les marchés et l’État ne sont pas en concurrence ou en conflit, mais se complètent au contraire dans la recherche d’une harmonie globale. »
Il a également défini le contexte de l’événement dans le cadre des efforts plus larges du G20, en déclarant : le thème de la présidence indienne, « Le monde est une seule famille » (Vasudeva kutumbakam), invite chacun d’entre nous à se détacher de nos préoccupations étroites – ceci est à moi, cela est à toi – pour adopter une perspective plus large qui célèbre les bienfaits de la nature dans un esprit d’unité, de respect et de compassion.
« Reconnaître le monde comme une seule famille doit impliquer une volonté d’accepter l’égalité de base entre les genres sans faire de concessions sur la diversité... Votre travail aujourd’hui doit inclure une exploration plus approfondie de la manière dont les hommes peuvent être stratégiquement impliqués dans l’inclusion des genres dans les politiques et les pratiques, étant entendu que l’évolution des normes traditionnelles de genre nécessitera la collaboration de tous les membres de la société. Les hommes et les garçons doivent être prêts à admettre que leurs droits s’appliquent également à leurs mères, leurs sœurs et leurs filles. »
En définissant le contexte, la Dre Rao a déclaré : « Ce dialogue permettra de faire une synthèse des questions-clés discutées et de les porter à un niveau mondial. Beaucoup de ces questions étaient très locales et centrées sur l’Inde. Bien qu’il s’agisse d’une conférence pilotée par l’Inde, cette conférence concerne le monde entier. Il sera donc important de passer du contexte local au contexte mondial. »
La Dre Rao a souligné que l’objectif du Groupe de Travail sur l’Égalité de Genre et le Handicap est de s’assurer que les considérations de la société civile liées au genre et au handicap sont prises en compte dans les discussions du G20, traduites dans la Déclaration des Leaders du G20 en tant que politiques et engagements, et ensuite mises en œuvre.
Plusieurs intervenants ont évoqué l’importance et l’actualité des sous-thèmes de la réunion. Bien que la parité entre les genres soit depuis longtemps reconnue comme une question urgente de développement, il est admis que la pandémie de covid a contrarié tous les progrès réalisés, avec des pics de violence domestique à l’encontre des femmes et des filles, ainsi qu’une augmentation des mariages d’enfants et le déni systématique des opportunités d’éducation.
Les représentants des OSC ont fait part de leur expérience sur le terrain afin d’identifier les lacunes des politiques et les recommandations nécessaires pour que les interventions en faveur de l’égalité des genres soient alimentées par les parties prenantes des communautés locales et fondées sur des données et des normes de pratique solides. L’événement de deux jours a également présenté plusieurs Udaaharans (meilleures pratiques) mis en œuvre dans le cadre de la lutte contre l’inégalité entre les sexes, à partir de conversations avec des représentants d’OSC.
De nombreux membres du corps enseignant de l’université du Cachemire ont apporté des perspectives et des recommandations précieuses et critiques, notamment le Dr Raja Fayaz, la Dre Humaira Azim, la Dre Aneesa Shafi, la Dre Shazia, la Dre Roshan Ara, la Dre Rabia Hamid et M. Shaheel Mohammad.
Les délégués représentant les Organisations de la Société Civile (OSC) locales basées au Cachemire comprenaient le Dr Nazir Ahmad Khan de la Cancer Society, M. Shaiq Nazir de la Fondation Help, M. Rahi Riaz Ahmed de la Fondation Ahsan, le Dr Bashir Lone et Mme Insha Bashir de la Société Voluntary Medicare, et M. Javaid Tak et M. Feroze Ahmad de la ligne d’assistance de l’Organisation pour le Bien-être de l’Humanité.
Parmi les autres intervenants en présentiel et en ligne, citons la Dre Manorama Bakshi, Responsable de la Santé et du Plaidoyer chez Consocia Advisory, la Dre Simi Mishra, de la Fondation Connecting Dreams, Mme Nandita Bhatt Pradhan, de la Fondation Martha Farrell, M. Aniket Wakankar, des Gender Labs, la Dre Naila Chowdhury, de l’université de Californie à San Diego, Mme Elizabeth Michaels, de la Fondation AIDS Healthcare, le Dr Fredrick Echols, de Cure Violence Global, et le Dr Christopher Coley, d’Amrita.
Le dialogue de deux jours sur les politiques à mener a débouché sur un certain nombre de recommandations dans les domaines des réformes juridiques, de la sensibilisation aux questions de genre et des plateformes publiques :
- Les interventions doivent cibler le niveau psychologique des parties prenantes et des décideurs politiques afin que les lois se traduisent en actions. De même, pour s’assurer que les politiques sont adoptées et que les interventions sont durables, des audits sociaux doivent être imposés et des mesures incitatives doivent être prévues pour les personnes formées, celles qui dispensent la formation et celles qui occupent des postes de direction. La participation de la communauté à tous les niveaux de la création, de la mise en œuvre et de l’évaluation des interventions garantira également la durabilité.
- Il est recommandé d’exploiter et d’améliorer les plates-formes publiques pour promouvoir des dialogues, des activités et des recherches participatives afin de recenser et de documenter les expériences de violence et de harcèlement, en mettant l’accent sur le changement d’attitude et la prise de responsabilité personnelle.
- Étant donné que les institutions scolaires sont des espaces où les enfants et les jeunes sont familiarisés avec les normes sociétales, il y a eu un accord clair sur la nécessité de rendre obligatoires des programmes de sensibilisation au genre et à la santé sexuelle et reproductive dans les écoles, de la maternelle à l’enseignement supérieur pour tous les élèves. Cela devrait inclure une formation similaire pour tous les parents, les enseignants et la direction des établissements.
- La recommandation de créer des « espaces sûrs » au sein d’espaces formels et informels (c’est-à-dire les environnements de travail) a été faite pour encourager un dialogue ouvert autour du harcèlement et des environnements hostiles, pour soutenir la prévention, assurer une meilleure protection, soutenir les victimes traumatisées et faciliter leur prise de parole, et pour améliorer les mécanismes de recours parmi les travailleurs informels ou domestiques.
- Toutes les interventions devraient être basées sur des Procédures Opérationnelles Standard (POS) qui peuvent être adaptées aux besoins spécifiques de la communauté-cible. L’inclusion de tous les genres et des personnes handicapées doit être la norme dans le développement de ces POS.
- Les personnes handicapées doivent être présentes et animer les conversations autour de toutes les politiques. Dans le même ordre d’idées, le vocabulaire et la terminologie relatifs aux personnes handicapées doivent être normalisés et déterminés par les personnes vivant avec un handicap.
- La nécessité de réformes et d’interventions juridiques fondées sur des données visant à soutenir l’amélioration des efforts de prévention et de recours, ainsi que les données ventilées par genre (y compris les personnes non-binaires) provenant de sources gouvernementales et non gouvernementales ont été citées comme essentielles pour cartographier et traiter les « espaces » de violence. Des recommandations ont été faites pour l’adoption de techniques de « données pour le bien », telles que l’utilisation des médias et réseaux sociaux comme leviers pour sensibiliser la communauté dans son ensemble et les ménages.
- La nécessité de politiques et de pratiques institutionnelles favorisant l’inclusion des hommes et des garçons a été recommandée afin de démanteler le fardeau du patriarcat par des moyens tels que l’identification et la promotion de modèles masculins à l’intérieur et à l’extérieur du foyer (c’est-à-dire dans le domaine des divertissements et des médias).
Toutes les personnes présentes ont apprécié l’occasion de nouer des liens avec d’autres OSC et de réfléchir en profondeur aux défis et aux recommandations politiques nécessaires à la mise en place d’un monde d’égalité des genres et d’égalité des chances pour une vie sûre, heureuse et épanouissante pour tous, indépendamment des capacités de chacun.



