LE C20 AU KENYA : DES ACTIONS CONCRÈTES POUR L’AUTONOMISATION ÉCONOMIQUE DES FEMMES
La société doit apprendre à considérer les femmes africaines comme des battantes et non comme des victimes, car c'est le continent qui compte le plus grand nombre de femmes entrepreneurs au monde. Elles doivent être outillées pour améliorer leurs compétences financières, numériques et juridiques.
Une réunion du C20 à Nairobi, au Kenya, a rassemblé d'éminents invités et intervenants pour débattre de questions cruciales liées à l'autonomisation économique des femmes en Afrique et des mesures nécessaires pour traduire les intentions en actions concrètes.
Les discussions ont porté sur la violence à caractère sexiste, le leadership des femmes dans la mise en œuvre des politiques, les initiatives d'autonomisation économique inclusive, le rôle des sociétés civiles dans la promotion de l'éducation, l'intégration de l'autonomisation des femmes dans les économies verte et bleue, et le défi que représentent les préjugés et les stéréotypes sexistes.
Intitulé « De l'intention à l'action : les femmes ouvrent la voie à la mise en œuvre des politiques », la Fondation d’Amma du Kenya a organisé cette rencontre avec le groupe de travail du C20 sur l'égalité entre les hommes et les femmes. Cent quatre personnes venues d'Inde, du Kenya et des États-Unis y ont participé et la rencontre a été retransmise en direct pour un public mondial.
La conférence a débuté par un message d'Amma, présidente du C20. Elle a déclaré : « Donnez du pouvoir aux femmes et aux enfants des groupes marginalisés, tenez-leur la main pour qu'ils aillent de l'avant. Ne laissez pas leurs compétences cachées se perdre. Cela leur sera bénéfique, ainsi qu'à leur société. »
La Dre Bhavani Rao, coordinatrice du groupe de travail sur l'égalité des genres, a transmis un message vidéo dans lequel elle décrit la détermination d'Amma à servir les femmes, dès les premiers jours des initiatives humanitaires de la Fondation d’Amma.
Plus récemment, Amma a lancé un projet de plus de 6 millions de dollars dans les pays en développement pour soutenir les femmes enceintes souffrant de malnutrition et les personnes handicapées. Embracing the World – Europe a également fait un don de 115.000 euros (127.000 dollars) pour soutenir « Safe Spaces for Women and Children »’ (Des espaces sûrs pour les femmes et les enfants), un projet de l’ONU - Femmes destiné aux personnes touchées par la guerre dans différentes régions d'Ukraine.
La pasteure Dorcas Rigathi est l'épouse du vice-président de la République du Kenya. En tant qu'oratrice principale, elle a souligné l'importance d'une conversation inclusive sur l'égalité des genres et l'autonomisation des femmes. Elle a déclaré : « On ne peut pas donner du pouvoir à un seul sexe et avoir une société équilibrée, il faut que tout le monde y participe. Des femmes autonomes donnent naissance à des familles autonomes ».
Swami Shubamritananda Puri, coordinateur international du C20, a souligné le fait que l'Afrique est le continent où le pourcentage de femmes entrepreneurs est le plus élevé au monde. Avec 25 %, elle dépasse la moyenne mondiale de 17 %. Il a souligné que le monde devait apprendre à voir les femmes africaines comme des battantes plutôt que comme des victimes.
Il a déclaré qu’en terme d'autonomisation économique, l’objectif n’est accessible que lorsque les femmes et les hommes s'engagent sur la voie de l'action, guidés par de bonnes intentions, main dans la main. Nous devons outiller les femmes en améliorant leurs compétences financières, numériques et juridiques, et la formation doit commencer dès l'école.
Mme Hon Namgya Khampa, Haut-Commissaire de l'Inde au Kenya, s'est également adressée à l'assemblée. Elle a rappelé que Chandrayaan 2, la deuxième mission lunaire de l'Inde, a été menée par des femmes scientifiques et qu'il s'agit là d'un des nombreux exemples de femmes jouant un rôle essentiel dans les progrès du pays.
« Le principe de l'égalité des genres est inscrit dans la constitution indienne et l'autonomisation des femmes est une priorité de la présidence indienne du G20. Nous aimerions orienter la réflexion pour passer d'un développement des femmes à un développement piloté par les femmes », a-t-elle déclaré.
Mme Henriette Geiger, ambassadrice de l'Union européenne au Kenya, a déclaré que l'égalité entre les hommes et les femmes restait un problème, même pour les nations les plus avancées d'Europe. Alors que l'UE est aux prises avec les écarts de rémunération entre les hommes et les femmes, l'importance du plan d'action pour l'égalité entre les hommes et les femmes de la Commission européenne a entraîné une forte responsabilisation structurelle et contraint les organisations à faire de l'égalité entre les hommes et les femmes un domaine d'action clé plutôt qu'un simple exercice de case à cocher.
Une table ronde a ensuite commencé avec des femmes éminentes qui mènent des initiatives en faveur de l'égalité entre les hommes et les femmes au Kenya. Les points clés qu'elles ont soulevés sont les suivants :
Pour la Dre Asha Mohammed, Secrétaire générale sortante de la Croix-Rouge du Kenya, la nécessité de services intégrés complets est essentielle pour la participation économique des femmes. Nous devons aller à la rencontre des femmes sur le terrain pour savoir quelles sont les interventions à mettre en place.
Pour Mme Faiza Jama Mohamed, Directrice régionale pour l'Afrique d'Equality Now, nous avons besoin de stratégies efficaces pour lutter contre la violence sexiste, en plaidant pour des lois et des politiques fortes afin de protéger les femmes et de prévenir les actes de violence. Nous devons également nous concentrer sur l'éducation des filles, sur la nécessité de mettre fin aux mariages d'enfants et aux mutilations génitales féminines.
Pour la Dre Winnie Mitullah, professeure et titulaire de la chaire UNESCO UNITWIN, à l'Institut d'études du développement de l'université de Nairobi, les femmes doivent développer leurs entreprises et entrer dans l'économie formelle, ce qui nécessite un renforcement des ressources et de l'accès aux ressources. La protection sociale doit être repensée afin que davantage de femmes puissent en bénéficier. Nous devons également nous rappeler que les femmes sont les gardiennes naturelles de l'environnement.
Pour Mme Zaynah Khanbhai, cofondatrice de Merging Mundos et fondatrice et présidente d'Espartanos Africa, nous devons tous remettre en question nos propres préjugés et nous concentrer sur l'action individuelle au lieu d'être des spectateurs passifs et des consommateurs de statistiques lamentables. Nous pouvons utiliser la constitution comme un moyen d'enseigner l'anglais dans les écoles et de promouvoir la sensibilisation juridique aux droits des femmes et des filles. Le gouvernement peut inciter les sociétés à soutenir les entreprises appartenant à des femmes afin de favoriser leur inclusion et leur émancipation économique.
Pour Mme Martha Muhwezi, directrice exécutive du Forum des pédagogues africaines, l'éducation joue un rôle essentiel dans l'autonomisation des filles. Nous avons également besoin d’interventions et de services intégrés pour lutter contre la violence sexiste et garantir l'accès des filles aux programmes d'éducation.