C20 : la technologie doit être ancrée dans la compassion
L’utilisation de la technologie et la création de politiques à son égard doit se concentrer sur une approche axée sur l’humain qui n’enfreint pas les droits fondamentaux de l’homme.
Le Sommet du Civil 20 (C20) sur la Technologie et la Sécurité pour un Monde Unique s’est terminé à Amrita Vishwa Vidyapeetham, au campus de Coimbatore, avec les éclaircissements sur divers aspects liés à la technologie et la sécurité donnés par 52 experts indiens et internationaux. Les cinq sessions plénières et les dix groupes de travail sur les politiques menées sur deux jours ont fait naître des idées et une feuille de route qui influeront directement sur les recommandations en matière de politiques dont le lancement est prévu lors du Sommet du C20 de l’Inde en juillet. L’événement a été organisé par le groupe de travail du C20 pour la Technologie, la Sécurité et la Transparence (TST).
M. Abhay Thakur, secrétaire adjoint (G20) auprès du ministère indien des Affaires Étrangères et sous-sherpa, ambassadeur du G20 pour l’Inde, fut l’invité d’honneur de la session de clôture. Il a exhorté les participants à traiter les technologies comme un bien public et à transformer les biens publics numériques de l’Inde en actifs mondiaux librement disponibles.
« Le monde a besoin d’une approche de service public entièrement non commerciale en matière de progrès technologique, et l’Inde peut prendre l’initiative de faciliter l’utilisation des technologies numériques comme bien public mondial gratuit et facilement accessible à tous. Le pays figure parmi les économies dont la numérisation est la plus rapide au monde, et son économie numérique devrait apporter une valeur ajoutée de 1 000 milliards de dollars au cours des deux prochaines années », a expliqué M. Thakur.
« L’Inde est aujourd’hui exceptionnellement bien positionnée pour aider les autres pays à construire leur infrastructure publique numérique. Nous devons transformer nos biens publics numériques nationaux comme UPI, Aadhar et DigiLocker en actifs publics numériques mondiaux. S’ils viennent à s’universaliser, ils recèlent un immense potentiel de contribution au développement économique mondial et au confort de vie. L’une des principales priorités de la présidence du G20 de l’Inde consiste à partager son modèle d’infrastructure numérique publique dans le monde entier par le biais de plateformes numériques publiques ouvertes, interopérables, inclusives, sûres et en harmonie avec le marché. »
La Dre Krishnashree Achuthan est la coordinatrice indienne du TST, elle préside le programme d’études supérieures de l’université Amrita Vishwa Vidyapeetham et dirige son Centre pour les systèmes de sécurité et réseaux cybernétiques. Elle a indiqué que grâce au Sommet TST, une première étape très réussie vers les évolutions des technologies et des politiques de sécurité a été franchie.
« L’utilisation des technologies et l’élaboration de politiques connexes doivent être ancrées dans la compassion pour la société civile. Ce sommet a abouti à plusieurs recommandations. Premièrement, pour réduire la fracture numérique, nous devons mettre en place des incitations en faveur de l’investissement dans les communautés mal desservies et financer des centres technologiques communautaires, tout en garantissant la disponibilité en ligne des services gouvernementaux. Nous devons aussi requalifier et perfectionner les gens pour qu’ils puissent repenser l’avenir du travail et être en mesure d’assumer des postes recourant à l’IA », a-t-elle déclaré dans son discours.
Relatant les recommandations des experts, elle a ajouté : « Pour garantir la sécurité des pratiques liées à Internet, nous devons organiser des campagnes de culture numérique afin de sensibiliser les gens à l’utilisation sûre des technologies. Des modèles multilingues contribueront à promouvoir un accès équitable aux technologies. Les pays doivent plaider en faveur du droit à réparer et utiliser des technologies reconditionnées tout en renforçant les compétences techniques des jeunes et des travailleurs.
Les responsables politiques doivent adopter une approche axée sur l’humain pour élaborer des politiques en matière de cyber-sécurité qui n’enfreignent pas les droits fondamentaux de l’homme. Des réglementations doivent être conçues pour faire porter la responsabilité des préjudices découlant des outils d’IA. Il nous faut aussi instaurer des réglementations mondiales sur la manière dont les plateformes de réseaux sociaux devraient identifier et réguler la désinformation tout en protégeant la liberté d’expression. »
La session d’adieu a également été marquée par la présence de Swami Amritaswarupananda Puri, vice-président du Mata Amritanandamyi Math et membre de la Troïka du C20. Yigal Unna, ancien directeur général de l’Israel National Cyber Directorate, et Alessandra Nilo, membre de la Troïka du C20, se sont adressés virtuellement aux délégués.
Trois initiatives importantes pour la technologie et la sécurité ont été annoncées lors du Sommet. La Global Internet Governance, Digital Empowerment and Security Alliance (GLIDES), un regroupement d’organisations de la société civile, a été officiellement lancée pour permettre l’existence de sociétés numériques ouvertes, non discriminatoires et justes. Elle vise à servir de tremplin pour faire évoluer les processus d’élaboration de politiques à plusieurs parties prenantes pour la sécurité et la gouvernance d’Internet et d’autres questions urgentes comme l’accès au numérique, la zone de sécurité, la neutralité du Net, la confidentialité des données, les « fake news », l’Internet multilingue et les droits numériques.
La deuxième initiative appelée Technology Advancement & Capacity Building Initiative (TACTICS) pour les OSC constitue une étape vers l’amélioration de la position de cyber-sécurité de la société civile. Il s’agit d’un programme de formation à la cyber-sécurité créé pour sensibiliser ses participants aux menaces et techniques d’attaque courantes sur Internet. Il donne des informations sur les meilleures pratiques de sécurisation des données personnelles et professionnelles et sur l’utilisation sûre des réseaux sociaux et des messageries.
La troisième initiative, une collaboration entre TST et How Women Lead (USA), a été lancée par des femmes pour des femmes. Elle est menée par des dirigeantes en faveur de l’autonomisation numérique d’autres femmes grâce au leadership et à l’investissement personnel, ainsi qu’à la philanthropie.