Journée de l’hygiène menstruelle 2021 : agir et investir davantage dans la santé et l’hygiène menstruelle
28 mai 2021, Inde
L'objectif de la Journée de l’hygiène menstruelle est de créer, d’ici à 2030, un monde où aucune femme (ou fille) ne sera tenue à l’écart parce qu'elle a ses règles. Cela signifie que chacune d’entre elles puisse avoir la possibilité de gérer ses menstruations en toute sécurité, de manière hygiénique, avec confiance et sans honte. Cela passe par des produits menstruels abordables qui ne nuisent pas à notre environnement.
Comme le dit Amma : « Quand les gens vivent en harmonie avec Mère Nature, le chant de la vie devient beau. »
En Inde, où les femmes représentent près de la moitié des 1,38 milliard d'habitants du pays, le volume des déchets menstruels non biodégradables a de graves répercussions environnementales. La majorité du pays vivant dans des milieux de classe moyenne inférieure, le respect de pratiques d’hygiène menstruelle saines avec des produits respectueux de l'environnement passe par la durabilité, l’accessibilité financière et l'éducation. C’est pourquoi Amma a lancé le projet Saukhyam de serviettes hygiéniques réutilisables.
La revue internationale BMC Women’s Health, qui fait partie de Springer Nature, a publié la première étude scientifique menée par l’équipe de Saukhyam – une nouvelle serviette en fibre de banane pour l’hygiène menstruelle en Inde. C’est une étude de faisabilité et d’acceptabilité. Cent cinquante-cinq femmes vivant à la campagne et 216 en ville au Bihar, à Delhi, au Kerala, au Karnataka, dans le Maharashtra, au Tamil Nadu et au Bengale occidental y ont participé.
Saukhyam est la première serviette hygiénique réutilisable au monde ; elle est fabriquée à partir de fibres de banane et de toile de coton. Cette serviette de haute qualité, exportée et vendue dans le monde entier, est également mise à la disposition des femmes et des jeunes filles vivant dans des zones rurales reculées en Inde et au Népal. La fibre de banane est un absorbant naturel obtenu à partir de déchets agricoles et son utilisation permet d’éviter d’abattre des arbres pour obtenir de la fibre de cellulose, l’absorbant de 99 % des serviettes jetables.
« Il est naturel pour les femmes de se demander si cette option est sûre, surtout dans un contexte de réutilisation, explique la Dr Krishnasree Achuthan, l’un des auteurs de l'étude, professeure à l’école d’ingénierie et à l’école de développement durable d'Amrita Vishwa Vidyapeetham (l’université Amrita). Lorsque nous avons cherché à répondre à cette question, nous avons constaté un grand manque d’études scientifiques sur ce sujet. »
À cause de la pandémie de covid-19 qui a amené la suspension des services essentiels, la pauvreté et la pénurie de produits menstruels touchent des milliers de filles et de femmes. Connue sous le nom de « pauvreté menstruelle », le Fonds des Nations Unies pour la Population (FNUAP) la définit comme le combat que mènent de nombreuses femmes et filles à faible revenu pour tenter de s’offrir des produits menstruels en dépit de leur vulnérabilité économique globale. Les serviettes réutilisables constituent une alternative bon marché car, à long terme, les serviettes jetables reviennent beaucoup plus cher.
L’étude concernant Saukhyam visait à étudier la sécurité sanitaire des serviettes en fibre de banane et comprenait une analyse de l'empreinte carbone, de la charge microbienne, du pH et de la capacité de la serviette à résister à la pression après absorption. Il est intéressant de noter que l’étude a révélé que la charge microbienne d’une serviette en fibre de bananier réutilisée pendant trois ans était similaire à celle d'une serviette non utilisée.
Les femmes qui ont participé à l’étude ont également comparé les caractéristiques des serviettes en fibre de banane à leurs pratiques antérieures, sur des critères comme les fuites et le confort. Elles ont témoigné d’un niveau de satisfaction global, ce qui les a amenées à recommander les serviettes en fibre de banane à d’autres personnes. Leur préférence a mis en évidence le souci de l’environnement, la santé et le coût comme facteurs décisifs.
En matière de chiffres concernant les serviettes en fibre de banane, les taux d'approbation ont été légèrement plus élevés en milieu rural qu’en milieu urbain. Le taux de faisabilité était de 82,2% en milieu rural et de 80,3% en milieu urbain, et le taux d'acceptabilité global était de 80,2% en Inde rurale et de 77,5% en ville.
Amma souhaitait également que les serviettes Saukhyam soient fabriqués par les femmes de notre projet de villages autonomes – Amrita SeRVe – afin de diversifier leurs sources de revenus pour gagner l’argent du ménage. Aujourd’hui, il existe des centres de production au Kerala, en Uttar Pradesh, au Bihar, en Uttarakhand et au Jammu ; 46 femmes gagnent en confiance en sachant que leur travail aide d'autres femmes et notre planète.
« Les serviettes réutilisables permettent en outre de résoudre le problème des déchets et contribuent à atténuer le changement climatique, explique Anju Bist, codirectrice d'Amrita SeRVe. En opérant ce changement, la femme évite de générer jusqu'à 125 kg de déchets menstruels non biodégradables. On évite une émission d'équivalent CO2 qui peut atteindre 232 kg. Saukhyam travaille avec de jeunes écolières et collégiennes pour leur transmettre des habitudes durables de gestion des menstruations. »
La Dr Achuthan ajoute : « Ce qui nous a le plus émus dans cette étude, c'est que le coût des serviettes hygiéniques continue d'affecter les choix des femmes en milieu rural. Et les femmes compromettent leur santé pour économiser quelques roupies. Avoir le choix s’est révélé être un luxe pour la plupart des femmes ! »
Considérées dans la durée, les serviettes réutilisables ne coûtent qu'un dixième du montant que l'on paie pour des achats répétés de serviettes jetables. Elles sont également sans toxines ni produits chimiques, présents dans la plupart des produits d'hygiène menstruelle jetables.
Avec les serviettes jetables, la fibre de cellulose obtenue en abattant des arbres doit être blanchie pour obtenir la couleur blanche, ce qui laisse des traces de dioxines sur les serviettes. Les dioxines sont des substances cancérigènes et des perturbateurs endocriniens. Il est fort probable que lorsque nous portons des serviettes jetables, ces dioxines se retrouvent dans notre sang à travers la peau perméable du vagin.
« Amma a été notre seule source d’inspiration pour ce travail, conclut la Dr Achuthan. Comme Amma le souligne souvent, il est de notre devoir de protéger la planète, et le seul moyen d'aider la Terre Mère et ses enfants est de proposer des options durables, écologiques et abordables. »

