Un village du Tamil Nadou assure sa sécurité alimentaire
Tamil Nadou, Inde, décembre 2016
61% des terres agricoles indiennes sont arrosées par l’eau de pluie ; par manque d’installations d’irrigation, les agriculteurs n’arrivent à faire qu’une récolte par an. Pendant le reste de l’année, la plupart d’entre eux en sont réduits à se louer à la journée sur des chantiers de construction pour gagner leur vie. Un pourcentage énorme (84%) des Indiens pauvres en milieu rural habite ces zones de culture pluviale.
Cela place l’irrigation au centre de la lutte contre la pauvreté en milieu rural : les agriculteurs ayant les moyens d’irriguer peuvent faire deux récoltes ou plus dans l’année et donc éviter les conditions précaires du travail sous-payé de journalier.
Les agriculteurs du village Amrita SeRVe (projet d’autonomisation de 101 villages en Inde) de Sadivayil, du district de Coimbatore au Tamil Nadou, habitent dans une zone de culture pluviale. Depuis plusieurs années ils ne parviennent à faire qu’une récolte par an. Cette année, il en sera autrement.
Quand Sreeni KR, le responsable du programme Amrita SeRVe à Sadivayil, s’est rendu pour la première fois dans ce village, en mai 2016, il a rapidement déterminé que l’un des problèmes les plus importants auxquels étaient confrontés les agriculteurs du village était leur incapacité à faire plus d’une récolte par an. Il a aussi constaté qu’aucun des cinq puits du village n’était opérationnel. Après avoir consulté Amma, il a décidé de concentrer ses efforts pour aider les agriculteurs à s’organiser pour travailler en collaboration afin de réhabiliter les puits. Les motopompes de deux des puits ont déjà été réparées et Sreeni a réussi à inciter les agriculteurs à entreprendre une agriculture collective qui réduisait considérablement les coûts et les a encouragés à expérimenter des méthodes de culture biologique. Alors même qu’il ne parlait pas tamoul, ses efforts infatigables lui ont gagné le cœur des agriculteurs et ils se sont regroupés à 20 au sein de l’Amrita Sadivayil Farmers Club. La propriété cumulée de 14 hectares a commencé à bénéficier des actions collectives.
Les agriculteurs ont décidé d’essayer de cultiver du riz biologique : ils ont semé des semences après les avoir laissé tremper dans des fertilisants naturels locaux. Les semis ont été irrigués avec l’eau d’un ruisseau descendant d’une colline proche. « Difficile d’imaginer les efforts que les agriculteurs doivent fournir pour produire de quoi nous nourrir », a déclaré Guru Prasadh, un étudiant de l’université Amrita qui s’est rendu dans le village pendant cette période pour soutenir les efforts des villageois. Avec ses camarades de classe, Guru travaille sur une pompe solaire capable de pallier les pénuries d’eau qui ont frappé les villageois. Les résultats initiaux sont prometteurs et, cette semaine, les agriculteurs de Sadivayil se sont rendus à Amritapuri pour partager leur succès avec Amma et lui offrir leur première récolte de riz biologique. En fait, le riz que leurs doigts ont égrainé symbolisait leur première récolte réussie en cinq ans. Amma a reçu l’offrande des fermiers avec amour, s’est renseignée sur leurs pratiques agricoles et les a encouragés à poursuivre l’agriculture collective et les méthodes biologiques.
Les agriculteurs sont profondément reconnaissants envers Amma de les avoir soutenus dans la conversion de leur communauté. Ils voulaient aussi demander à Amma de bénir leurs futurs efforts : après la récolte de riz, au lieu de reprendre leur emploi de journalier - comme les années précédentes - les agriculteurs de Sadivayil vont planter de l’urad dal (sorte de lentilles indiennes cassées et aplaties, blanches et très petites) et du millet.
Le 28 décembre marque le début officiel de la fête des moissons. Professeurs, étudiants et tout le personnel de l’université Amrita apporteront leur soutien en participant à la fête des moissons. En tant que présidente, Amma a demandé à l’université de se concentrer sur la résolution des problèmes rencontrés par la population indienne en milieu rural. Elle a déclaré : « Les villages sont les fondations de l’Inde. »
« Avec le soutien d’Amrita SeRVe, nous n’avons aucun doute que d’ici à trois ans, le village de Sadivayil sera un producteur bio certifié », a confié Br. Sekhar, étudiant en master sur le campus d’Ettimadai de l’université Amrita et bénévole à ses heures perdues. 400 scientifiques mondiaux ont récemment proclamé que ce sont les agriculteurs de petite envergure pratiquant une agriculture biologique dans les pays en voie de développement qui seront la clé de notre sécurité alimentaire à venir. Les agriculteurs dans les villages parrainés par Amma commencent à faire leur part.
Amrita SeRVe s’engage à soutenir les agriculteurs indiens qui se convertissent à l’agriculture biologique et à les aider à s’assurer une plus grande sécurité financière. Nous vous invitons à y contribuer. Merci d’envoyer un courriel à seva@amritaserve.org si vous êtes intéressés.