Protester contre le changement climatique avec gentillesse : AYUDH Écosse
Oban, Écosse
La crise climatique est l’un des problèmes les plus urgents auquel nous sommes confrontés dans le monde d’aujourd’hui, à cause à la fois du temps limité que nous avons pour le résoudre et des répercussions énormes qu’il aura s’il n’est pas résolu. Amma explique que chacun d’entre nous a un rôle à jouer pour trouver des solutions à ce problème.
« Imaginons un grand lac pollué. Ne déprimons en nous demandant comment une personne pourrait à elle seule le nettoyer, avant de faire demi-tour et d’abandonner, dit-elle. Faisons ce que nous pouvons. Que la personne suivante nettoie tant qu’elle peut à son tour. Un grand nombre de gens peuvent participer à cette opération, et le lac sera bientôt propre. Ne nous retirons pas, allons de l’avant ! Faisons un effort. »
À l’occasion de l’ouverture, cette semaine, de la conférence sur le changement climatique (COP25), le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, a déclaré que les douze mois à venir étaient d’une importance cruciale.
« Il est essentiel de garantir des engagements nationaux plus ambitieux, surtout chez les principaux émetteurs – pour commencer immédiatement à réduire les émissions de gaz à effets de serre, à un rythme adéquat pour parvenir à la neutralité carbone d’ici 2050, a-t-il expliqué. Nous n’avons tout simplement qu’à cesser de creuser et de forer pour profiter des vastes possibilités offertes par l’énergie renouvelable et les solutions naturelles. »
AYUDH, notre branche jeunesse au niveau mondial, se concentre sur des solutions à apporter à ces préoccupations : plantation d’arbres et autres campagnes de nettoyage. En septembre, dans une petite ville de la côte ouest de l’Écosse, un groupe d’étudiants en sciences marines et le groupe AYUDH local ont décidé de descendre dans la rue pour protester pacifiquement.
Ce jour-là, ils s’étaient engagés à mettre l’accent sur la gentillesse comme cheminement essentiel pour résoudre la crise climatique. Voici le témoignage de Jule, l’une des participantes :
« Je suis étudiante en premier cycle à l’Association écossaise pour les sciences marines, à Oban, en Écosse. Mon histoire diffère un peu des nombreuses autres opérations-gentillesse en ce que ce n’est pas une action visant telle ou telle personne, tel ou tel groupe ciblé, telle ou telle organisation. C’est, pour ainsi dire une opération indirecte qui recherche un impact à long terme ; un impact qui pourrait de prime abord passer inaperçu, mais qui apparaîtra très clairement si on y regarde de plus près.
Le 20 septembre 2019, j’ai participé à Oban à une manifestation dans le cadre d’une grève mondiale organisée par les « Vendredis pour l’avenir ». Des étudiants du monde entier boycottent l’école le vendredi pour descendre dans la rue en signe de protestation contre le manque de gestes politiques et de mesures efficaces de leur gouvernement pour la protection du climat.
Vers 9 heures, par une magnifique journée ensoleillée d’automne, sous un ciel bleu vif, les gens ont commencé à se rassembler sur la place de la gare d’Oban. Avec ses 8000 âmes, Oban n’est pas exactement ce que l’on pourrait appeler une grande ville, on n’attendait donc pas une trop grande participation. Mais en voyant la foule affluer avec des pancartes en carton, les prévisions ont rapidement été revues à la hausse.
J’attendais avec quelques étudiants et professeurs de l’université. De plus en plus de personnes de tous âges convergeaient vers la place : parents et jeunes enfants, retraités, et un grand nombre d’élèves du lycée d’Oban qui arrivèrent vers 9h30.
Peu de temps après l’arrivée des lycéens, le cortège se mit en marche, traversant le centre-ville, arborant des pancartes joliment décorées, et s’essayant à des chansons et des slogans. En chemin, notre cortège se divisa pour augmenter notre visibilité et se reforma quand nous arrivâmes à destination, un parking à l’autre bout de la ville.
Nous sommes restés là environ 20 minutes, heureux d’être ensemble et de savourer la satisfaction qui accompagne le sentiment d’avoir participé à une manifestation qui – sans être une grande manifestation dans une grande ville – avait toutefois sans aucun doute rencontré un beau succès.
Personnellement, je pense que cette action a eu plus d’impact qu’il n’y paraît à première vue. Cette marche de protestation dans une ville si peu peuplée pourrait paraître vaine aux yeux de beaucoup. À mes yeux, elle a montré clairement au contraire l’inquiétude, l’engagement et la vision à long terme des habitants d’Oban.
La grève s’inscrivait dans la vie locale et les événements culturels, c’était un signal adressé à tous les citoyens et touristes qui disait : « Nous aimons ce lieu et le monde dans lequel nous vivons. Nous voulons contribuer au changement ; nous voulons faire de notre maison un endroit plus coloré et plus vibrant. »
À plus grande échelle, comme je l’ai déjà dit, la grève s’inscrivait dans une action mondiale. Globalement, pour cette journée, on estime à 4 millions le nombre de participants dans plus de 150 pays. Ceci a montré aux gouvernements mondiaux que les gens qu’ils représentent s’organisent, qu’ils ont conscience de leurs droits et de leurs responsabilités dans des sociétés démocratiques, qu’ils font attention à chacune des mesures prises et qu’ils ne laisseront pas les politiciens continuer à se comporter comme par le passé.
Mais revenons-en au sujet de la gentillesse. Les deux points que j’ai déjà évoqués expriment probablement la chose la plus importante que nous avons essayé d’illustrer. Même si notre grève était plus une action de participation démocratique qu’un témoignage direct de gentillesse, elle était motivée par quelque chose de très simple : l’amour.
L’amour de notre terre, l’amour de notre vie. L’amour de Mère Nature et de toutes ses créatures qui parcourent la planète, qu’elles soient grandes comme des géants ou minuscules comme des souris. L’amour que nous nous portons les uns aux autres, les liens que nous tissons et la beauté de notre existence étrange et merveilleuse. L’amour aussi que l’on porte à toute personne et à toute chose encore à venir.
Personne ne choisit de naître mais tout le monde a le droit à une vie aussi pleine d’expériences que possible. Nous avons ce monde en partage et les gens qui nous le volent, à nous et aux générations futures, doivent prendre leurs responsabilités pour que nous puissions aller de l’avant : vivre et rire, enseigner et explorer, prendre soin et soutenir, protéger et planter, et transmettre cet amour.
Pour l’heure, voici mes prochains gestes de gentillesse : donner un sourire, être présente pour les êtres qui me sont chers, partager autant que possible avec autant de gens que possible et passer ma licence en science marine dans l’espoir de sauver un jour nos océans.