Une équipe internationale permet à 20.000 villageois d’avoir accès à l’eau potable
12 mars 2018 - Allapuzha, Kérala, Inde
« Si nous pouvons contribuer à permettre à la population d’avoir accès à l’eau potable, nous pouvons réduire les risques de maladie et préserver la santé de beaucoup de gens, a dit Reo Hirata, étudiant en Sciences et Technologies de l’université de Ritsumeikan, au Japon. C’est un défi que j’ai pu relever avec le sentiment d’être investi d’une mission. »
Hirata faisait partie d’une équipe de soixante et onze étudiants japonais qui s’est rendue dans le district d’Allapuzha, au Kérala, pour participer à la fabrication de systèmes de filtration d’eau. « Inde et Japon, amis pour toujours ! » tel était leur cri de ralliement. Les étudiants ont travaillé de concert avec 140 étudiants d’Amrita Vishwa Vidyapeetham, (université inspirée par Amma).
Dix jours durant, les étudiants japonais ont fabriqué des systèmes de filtration d’eau - conçus et dessinés par des étudiants et des enseignants de l’université Amrita en fonction des besoins de la population locale. Les installations ont été effectuées dans 36 communautés et permettent maintenant d’approvisionner environ 20.000 personnes en eau potable. Ce sont les villageois qui assurent l’entretien des systèmes ainsi installés, sous la supervision de gestionnaires locaux, renforçant aussi leur sentiment d’autonomisation.
La fabrication fait partie du projet Jivamritam de l’université Amrita dont l’objectif est d’approvisionner en eau potable plus de 5000 villages répartis dans toute l’Inde dans un délai d’un an, en fonction de ce que décident les gouvernements locaux. M. Ram Nath Kovind, le président indien, et Amma ont lancé cette initiative d’un budget de près de 13 millions d’euros en octobre 2017, au Mata Amritanandamayi Math, la fondation inspirée par Amma. Un millier de personnes sans accès à l’eau potable ont déjà pu être approvisionnés dans toute l’Inde.
« J’ai suivi de nombreux cours dans ma spécialité mais je voulais vraiment faire quelque chose de concret, faire quelque chose de mes mains, faire quelque chose pour les défavorisés, a déclaré Nane Tahaku de l’université de Ritsumeikan, au Japon. L’eau est quelque chose dont tout le monde a besoin, surtout l’eau potable. »
Les étudiants japonais ont unanimement reconnu que leur principale motivation pour participer à ce programme était de pouvoir améliorer le quotidien des gens. Pour eux, l’accès à l’eau potable est un droit fondamental de l’homme et non un confort. Chez eux, au Japon, ils ont pris deux, voire trois jobs à temps partiel afin d’économiser l’argent du billet d’avion pour l’Inde - pour pouvoir participer à ce projet.
Maki Saito est étudiante en Sciences du Développement à l’université de Tokyo. Elle explique : « J’ai grandi au Japon et ni ma famille ni moi n’avons jamais été confrontés au problème du manque d’accès à l’eau potable. Alors, lorsque je me suis rendu compte qu’en milieu rural beaucoup d’Indiens n’avaient pas accès à cette ressource essentielle, j’ai voulu faire quelque chose dans ce domaine. Comment pourrais-je vivre au Japon en ayant accès à l’eau potable en sachant qu’en Inde, il existait quelqu’un qui n’avait pas le même droit que moi ? »
Selon WaterAid India (branche indienne de WaterAid, une ONG internationale visant a améliorer la qualité de l’eau et de l’hygiène dans le monde), environ 76 millions d’Indiens n’ont pas accès à l’eau potable et plus de 60.000 enfants, notamment des moins de 5 ans, meurent chaque année faute d’une hygiène publique adéquate, en succombant à des maladies diarrhéiques après avoir bu une eau souillée. Selon l’UNICEF Inde, 67% des foyers indiens ne filtrent pas leur eau de boisson, même s’il y a risque de contamination par de dangereuses bactéries et des produits chimiques.
Les causes de la contamination de l’eau sont diverses : forte densité de population, intrants agricoles chimiques, utilisation excessive d’engrais, présence de minéraux dans les fonds marins proches des littoraux, déchets industriels qui impliquent que la population, en particulier en milieu rural, consomme une eau contaminée. Autres obstacles à l’accès à l’eau potable : la distance et le coût. Beaucoup de villageois doivent faire plusieurs kilomètres à pied pour trouver de l’eau potable.
« Le système Jivamritam utilise un double filtre : sable et charbon actif en premier lieu pour clarifier l’eau et la débarrasser des particules en suspension, filtres micron en second lieu », explique la Docteure Maneesha Sudheer, responsable du projet Jivamritam. « Chaque système est également équipé d’un purificateur d’eau à ultraviolets pour éliminer toute contamination pathogène, ainsi que de deux réservoirs de stockage (2000 litres en entrée et 1000 litres en sortie) pour bien séparer l’eau traitée de l’eau non traitée. Les réservoirs d’eau filtrée disposent de robinets intégrés permettant d’approvisionner chacun de 400 à 500 foyers en eau potable. »
La venue des étudiants japonais a été coordonnée par le programme Live-in-Labs de l’université Amrita qui travaille en collaboration avec plusieurs programmes universitaires pour permettre à des étudiants des quatre coins de l’Inde et du monde entier de connaître et comprendre les problèmes de base auxquels sont confrontés les populations rurales. Une fois les constatations faites, les étudiants peuvent participer à la mise en place de solutions.
« J’ai trouvé cela compliqué de fabriquer des systèmes de filtration d’eau. Mais les artisans indiens m’ont appris comment faire avec beaucoup de patience et de gentillesse, a conclu Hirata. Après le travail, Amma m’a témoigné beaucoup d’amour quand elle m’a donné son darshan (bénédiction sous forme d’étreinte). Je trouve ça incroyable quelqu’un qui donne de l’amour à autant de gens et qui leur souhaite la paix. Ce séjour en Inde est devenu une expérience irremplaçable. »