En Inde, un jeune homme d’une tribu opéré d’une tumeur rare
19 juin 2018 - Kochi, Kérala, Inde
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L’une de ces opérations a été réalisée en mai 2018, lorsque les chirurgiens de l’Institut Amrita des Sciences Médicales (l’hôpital Amrita) ont retiré une tumeur de la taille d’un ballon de football de la mâchoire d’Amar Samad, un jeune homme de 19 ans issu d’une tribu de l’État de Jharkhand, en Inde. L’opération chirurgicale, qui a été effectuée gratuitement, a duré 14 heures. Elle a notamment nécessité la reconstruction de la mâchoire d’Amad, réalisée en utilisant un os de sa jambe. Il s’agissait de la plus grosse tumeur de la mâchoire de cette sorte jamais répertoriée.
Après l’intervention, Amar a déclaré : « Du fait de cette énorme déformation de mon visage, je n’ai jamais pu me mêler aux autres enfants de mon âge, car mon apparence les repoussait. C’est un énorme soulagement pour moi de ne plus avoir cette tumeur au visage – c’est presque comme une seconde naissance. Je suis maintenant impatient de rentrer à la maison, de me refaire des amis et de travailler aux champs. Je remercie du fond du cœur les médecins de l’hôpital Amrita de me permettre de vivre normalement.
La tumeur de la taille d’un ballon de football et pesant près de 5 kgs a commencé à grossir sur la mâchoire supérieure d’Amar en 2008. Le prélèvement dense d’os et de tissu fibreux a été diagnostiqué comme « fibrome ossifié ». Cela provoquait non seulement un masque grotesque mais aussi des difficultés pour déglutir et pour parler. Amar a également souffert d’un adénome parathyroïdien (tumeur bénigne de la glande parathyroïde), qui a pu être à l’origine du problème et a été également retiré dans l’opération.
« La maladie dont souffrait Amar fait partie d’un groupe de maladies très rares, appelé syndrome hyperparathyroïdie ; c’est une tumeur de la mâchoire qui survient suite à une anomalie génétique », a expliqué le Dr Subramania Iyer, responsable du département de chirurgie plastique et reconstructrice de l’hôpital Amrita. Son cas est unique car il n’est fait aucun autre état d’une tumeur de cette taille associée à cette pathologie dans la littérature médicale. En fait, c’est la plus grosse tumeur de la mâchoire de cette sorte jamais répertoriée. Si cet état avait persisté, Amar n’aurait plus été capable de manger, et il lui aurait fallu se battre pour respirer. La maladie avait provoqué une forte élévation du niveau de calcium dans son organisme. »
Le Dr Iyer a poursuivi : « L’ablation de la tumeur a été compliquée, du fait de son énormité et de son emprise sur la totalité de la mâchoire supérieure et de l’œil gauche. La perte de sang (inquiétante) a été maîtrisée par le blocage temporaire des vaisseaux de la partie supérieure du visage. La reconstruction a dû être préparée de façon méticuleuse. Nous avons utilisé une impression 3D pour construire un modèle adéquat du visage d’Amar et de la tumeur, et nous avons effectué une simulation de chirurgie à titre d’entraînement. Un transfert micro-chirurgical de l’os de sa jambe a été effectué afin de construire une nouvelle mâchoire supérieure. Nous avions initialement prévu d’enlever l’œil gauche, mais nous avons réussi à le sauver grâce à une chirurgie minutieuse. Son nez a été reconstruit avec de l’os et des tubes en plastique faisant office de voies respiratoires. »
Après les interventions chirurgicales, les niveaux de parathormone et de calcium d’Amar sont redevenus normaux. Il faudra ensuite poser des implants dentaires dans la mâchoire supérieure. La position de son œil gauche devra être réajustée pour la rendre plus acceptable d’un point de vue esthétique, bien qu’il ne lui reste qu’une vision limitée. Les chirurgies de l’œil et des implants dentaires seront toutes les deux réalisées après un délai de six mois.
Question famille, Amar a deux jeunes frères. Son père est décédé du paludisme lorsqu’Amar était enfant, et sa mère est partie peu de temps après, laissant à leur oncle le soin d’élever les enfants. Amar travaillait dans les champs, mais depuis le développement de sa maladie, il ne s’aventurait que rarement hors de la maison et menait une vie recluse.
Le cas d‘Amar a été porté à l’attention du Dr. Sreehari Jingla, de l’État du Jharkhand. Ému par tant de détresse et avec l’aide d’un médecin américain en visite, qui connaissait le service de chirurgie reconstructrice de la face et du cou de l’hôpital Amrita, il a organisé le traitement d’Amar. Amar avait été refoulé par de nombreux hôpitaux réputés car les médecins n’avaient pas la certitude de pouvoir traiter son cas.