En Espagne, des bénévoles décident de créer et entretenir des bosquets sacrés
6 juin 2018 – Espagne
Prendre soin de bosquets sacrés est une pratique antique connue dans le monde entier, qui semble remonter à la préhistoire. C’est un endroit où aller pour clairement expérimenter l’essence de Mère Nature et prendre conscience de ce qui est au-delà de nos perspectives limitées.
L’humanité est en train de se déconnecter de la nature, aussi GreenFriends a décidé de se mettre à protéger les bosquets sacrés du Kérala et à en planter de nouveaux. Quand Pujitha en Espagne a entendu parler de ce projet, elle a fermement décidé d’en faire autant dans son pays.
« J’ai senti profondément en moi l’envie de planter des bosquets sacrés », a-t-elle déclaré. « Ce travail auprès des arbres m’apporte beaucoup plus que je n’aurais jamais pu l’imaginer. Je comprends leur langage, ils m’ont amenée à les aimer eux et la nature encore davantage. »
Les bosquets sont considérés comme un hommage aux arbres et un lieu de respect de la nature, un petit geste de reconnaissance et de gratitude pour le soutien généreux dont nous bénéficions. Ce sont des espaces de retraite qui nous offrent un temps de répit, calment le mental, rafraîchissent l’esprit et nous consolent dans les moments d’anxiété.
En Espagne, il existe maintenant cinq bosquets appelés les Bosquets sacrés de Govinda. Plus de 600 personnes ont participé aux plantations initiales, puis des équipes se sont formées pour en assurer l’entretien régulier. Au total, 512 arbres poussent lentement : chênes, genévriers de sabine, genévriers, aubépines, micocouliers, aulnes, noyers, ormes, frênes, figuiers, pins et cyprès.
Chaque espèce d’arbre représente une qualité à laquelle elle a été associée de tout temps. Par exemple le chêne enseigne la force, le cyprès représente l’immortalité, le frêne est emprunt de sagesse et l’olivier irradie l’espoir.
Mais Pujitha a très vite compris que l’organisation du projet dépassait ce qu’elle avait pu prévoir.
« Je ne pouvais le croire parce qu’au début tout avait l’air compliqué, » a-t-elle expliqué. « Les arbres que nous avons planté n’ont guère poussé, mais chaque fois que je les vois, j’ai l’impression que ce sont mes enfants ! »
La première étape fut un important processus de discussions avec les municipalités pour obtenir des terres pour les plantations d’arbres. Il fallait qu’elles octroient un terrain de 4.000 m² minimum à 10.000 m². Ensuite il a fallu enclore cet espace, ou à défaut protéger chaque arbre des graves intempéries et des animaux en les entourant d’un grillage métallique.
Puis le terrain doit être préparé en apportant de la terre végétale et les engrais nécessaires. Ensuite vient le moment de creuser des trous d’environ 80 x 80 cm pour les jeunes arbres. Il faut aussi prévoir un point d’eau pour une irrigation régulière. Si la ressource naturelle en eau est insuffisante, alors il faut établir un planning d’approvisionnement par camions citernes.
Un autre objectif d’importance est de ne pas se contenter de planter des arbres, mais d’insister sur le fait de s’engager à les adopter. Pour retrouver le respect de la nature, nous avons besoin de nous rendre compte de notre devoir qui est d’en prendre soin et de témoigner de la gratitude pour tout ce que notre monde nous apporte pour nous permettre d’exister.
« Quand les êtres humains opèrent un pillage systématique des ressources naturelles pour des raisons égoïstes, l’ordre naturel est perturbé, » nous explique souvent Amma.
« Si nous ne sommes pas prêts à changer, la nature nous le signifiera. Mais le problème est que nous serons peut-être incapables de supporter le choc de la leçon. Mère Nature a généreusement comblé l’humanité de ses bienfaits. Mais si nous oublions nos responsabilités, si nous laissons libre cours à nos désirs, la nature se vengera. Les bienfaits de la nature se transformeront en calamités.
En plantant les bosquets sacrés en Espagne, Pujitha dit qu’elle a commencé à voir poindre un éveil chez certains participants.
« C’est très drôle parce qu’au début, quand je parlais de mon désir de planter des arbres, beaucoup de gens me regardaient d’un air de dire « Cette femme a vraiment une drôle de lubie, » se rappelle Pujitha. « Maintenant je sens que ces mêmes personnes me témoignent du respect et de la considération. Encore cette semaine, une compagnie d’assurances espagnole, va donner à tous les enfants qui naissent dans ses maternités un arbre à planter au nom du nouveau-né.
Laura est l’une des bénévoles qui participent à l’entretien des bosquets. Voici ce qu’elle explique : « Je pense que ce qui m’a le plus profondément marquée, en tant que gardienne du bosquet, ça a été de me sentir appartenir à une création plus large partagée entre les êtres humains et la nature. Cela a commencé quand je suis entrée en relation avec les gens qui adoptent les arbres. À chacun de nos échanges, je peux observer à quel point la Nature donne également en partage à chacun sans faire de différences entre nous. »
Laura a vu comment cela inspire la même chose entre les personnes. « Nous ne nous contentons pas de nous partager l’entretien de la forêt. Nous ouvrons un espace qui permet de promouvoir des relations interpersonnelles, de partager des expériences et de profiter de bons moments. »
Actuellement il y a des bosquets à Marazuela, Bernuy de Porreros, Marugán, Hontanares de Eresma et Cabañas de Polendos. Mais les sentiments de Pujitha dépassent le simple cadre des bosquets pour s’étendre à tous les arbres qu’elle voit, car elle se sent connectée aux arbres. Dans les bosquets, elle s’est mise à observer la façon dont les différents arbres interagissent.
« Pour moi, un bosquet sacré est une entité, un esprit unique. Je n’y vois pas des espèces différentes. Je perçois un grand nombre d’arbres qui se soutiennent mutuellement. »