Conférence internationale 2016 sur la robotique et l’automatisation à visée humanitaire (RAHA)
Amritapuri, Inde, décembre 2016
L’objectif de la conférence internationale 2016 sur la robotique et l'automatisation à visée humanitaire (RAHA) était de proposer un forum permettant à des scientifiques, des ingénieurs, des acteurs de terrain et des décideurs de discuter de l’état actuel de la recherche et d’échanger des solutions techniques au service de l'action humanitaire au plan mondial.
L’objectif de la conférence était de faire se rencontrer des innovateurs dans le domaine de la technologie et des acteurs humanitaires de terrain, afin de créer des passerelles entre des domaines souvent jugés trop différents et sans rapport. Ensemble, les participants à la conférence ont essayé d'identifier les déficits de connaissances sur le terrain.
Dans son allocution, M. Ronald Arkin, professeur et vice doyen du département d'informatique de l'université Georgia Tech d’Atlanta, a souligné les problèmes éthiques qui se posent en robotique dans les interactions homme-robot, ainsi que les normes sociales et les exigences légales qu’il est nécessaire de respecter dans les processus. « La robotique est une arme à double-tranchant ; nous devons en minimiser les aspects négatifs, tout en exploitant au maximum les possibilités de service qu’elle peut rendre.
Plus tard dans la journée, Mme Meg Jones, responsable de l'autonomisation économique à l'ONU Femmes, a présenté des solutions inclusives futures et détaillé la façon de mettre en lien les 17 objectifs de développement durable des Nations Unies (ODD) avec les avancées technologiques actuelles dans le domaine de la robotique. Elle a exprimé sa fascination pour le travail accompli par Ammachi Labs partout en Inde, au sein des communautés rurales déshéritées. « Si le travail accompli par Ammachi Labs pouvait être étendu au monde entier, il en retirerait un bénéfice immense. »
Dans son allocution intitulée « Des machines vivantes pour une société digne », M. Paul Verschure, directeur du laboratoire SPECS (Systèmes synthétiques, perceptifs, émotifs et cognitifs) de l'université Pompeu Fabra de Barcelone, a poursuivi sur le thème de l'utilisation des robots au bénéfice des classes sociales les moins avancées. Il a affirmé : « La technologie est le moyen de perfectionner les processus naturels ».
Après ces discours d'introduction, les présentations d'articles de recherche ont débuté autour de deux thèmes distincts : l'éducation basée sur la robotique et la planification des chemins.
La deuxième journée de la conférence a vu défiler bon nombre d'experts de multiples disciplines. Le tsunami de 2011 au Japon a entraîné des fissures dans le caisson de confinement du réacteur principal de la centrale nucléaire de Fukushima Daiichi, causant la dispersion dans l'atmosphère de dangereux niveaux de radioactivité. Le professeur Hajime Asama de l'université de Tokyo, vice-président de l'association japonaise de robotique, a souligné la façon dont la robotique a été utilisée pour trouver des solutions efficaces permettant à terme le démantèlement de la centrale. Le professeur Asama a exprimé son optimisme quant à l'utilisation de la robotique en disant : « À l’avenir, la robotique sera intégrée dans tous les domaines. »
Face à l’urgence de plus en plus inquiétante de la crise du réchauffement climatique, M. Hervé Le Treut, climatologue à l'Académie française des Sciences, a dit : « Les robots sont nécessaires pour collecter et analyser des données à une échelle bien supérieure aux possibilités humaines. » Projetant des simulations des niveaux actuels d'émissions de dioxyde de carbone pour dessiner différents scénarios à venir, il a souligné la nécessité de prendre des mesures concrètes de réduction des émissions afin de ralentir la destruction de notre environnement, à défaut de la stopper.
Pendant ce temps et tout au long de la journée, de dynamiques étudiants de différentes universités ont présenté des posters sur des sujets allant de la détection de plantes malades dans une ferme grâce à des senseurs infrarouges à des robots tout-terrain contrôlés par smartphone.
La première présentation de l’après-midi a été la très attendue allocution en plénière du docteur Vijay Bhatkar, fondateur et directeur du CDAC (Centre pour le développement de l’informatique de pointe), également reconnu comme le père du premier super-ordinateur indien. Au début de son discours, il a souligné l’importance de ne pas négliger la dimension humaine dans les domaines de la science et de la technologie : « Parallèlement à la technologie que nous avons entre les mains, ayons de la passion dans la tête et de la compassion dans le cœur. » Le docteur Alaa Khamis de l’université de Suez (Égypte) a corroboré cette vision, en affirmant dans son entretien que les personnes ont besoin d’être éduquées pour comprendre comment la robotique peut globalement améliorer la qualité de vie des gens, indépendamment de leur classe sociale.
Dans la dernière session de la journée, le docteur Taskin Padir de la Northeastern University de Boston (États-Unis) a fait une allocution majeure via Skype, il a détaillé les applications de la robotique pour intervenir en période d’épidémies et précisé qu’il appartient aux ingénieurs de commencer par identifier les vrais problèmes à résoudre - afin d’utiliser correctement notre technologie et nos connaissances actuelles.
Le dernier jour de la conférence RAHA 2016 a débuté avec la téléconférence et les très intéressantes perspectives du docteur Jeffrey Sachs, cinquième et dernier conférencier à s’exprimer en plénière. L’économiste américain, Jeff Sachs, dirige l’Institut de la Terre à l’université de Columbia. Il porte le titre de professeur d’université, la plus haute distinction décernée à ses enseignants par l’université de Columbia. Il est reconnu comme étant l’un des plus éminents experts au niveau mondial en matière de développement économique et de lutte contre la pauvreté. Il est également l’auteur de plusieurs livres qui ont figuré sur la liste des meilleures ventes du New York Times. Depuis son domicile à New York, le docteur Sachs a félicité l’université Amrita pour son action enracinée dans la technologie au service du bien commun et pour ses innovations à vocation humanitaire.
« Je suis vraiment ravi de participer à cette conférence RAHA 2016. Laissez-moi tout d’abord commencer par vous féliciter, vous les membres de l’université Amrita, pour vos réalisations remarquables. Je suis vos travaux et les méthodes pédagogiques innovantes que vous mettez au point, l’enseignement via les technologiques haptiques, les projets autour de l’eau et vos autres projets autour du développement durable. Nous nous voyons souvent lors de conférences internationales, que ce soit au Vatican, à l’ONU ou en Inde. Je suis un fervent admirateur de vos travaux et j’espère être un de vos bons collaborateurs, à mesure que vous continuerez à développer vos projets et à étendre votre rayonnement. »
Le docteur Sachs a souligné le rôle pionnier de l’Inde dans l’utilisation de l’informatique et évoqué le potentiel de ce pays appelé à devenir un fer de lance en matière de développement, grâce à la technologie. Il a à nouveau souligné le rôle majeur de cette conférence dans l’instauration d’une stratégie pour la mise en œuvre des objectifs de développement durable de l’ONU (ODDs).
« Je pense que les ODDs sont réalisables, mais pas en suivant les méthodes habituelles. Il nous faudra des technologies innovantes, nous devons sauter des étapes pour faire un véritable bond en avant. Pour espérer atteindre ces objectifs, les universités doivent endosser un rôle plus large. L’université Amrita est un modèle à suivre en la matière, tout comme les instituts de technologie et les instituts de gestion indiens. Au 21e siècle, les universités doivent devenir des forces de proposition pour développer de nouvelles technologies et de nouveaux systèmes d’exploitation au service du développement durable. »
Après RAHA : Approfondissement des échanges pour définir un agenda international de recherche avec des experts reconnus en matière de robotique du futur et d’applications universitaires.
L’ensemble des intervenants invités ainsi que plusieurs experts, chercheurs et étudiants se sont réunis lors de deux rendez-vous de haut niveau afin de réfléchir aux prochaines étapes. Un projet de manifeste a été rédigé et tous les intervenants ont donné leur accord pour partager leurs propositions en vue de réaliser un document de travail collaboratif selon un calendrier précis. Les idées issues de RAHA 2016 ne doivent pas rester des idées ; il faut les mettre en application et les développer de façon à faire passer la vision d’une robotique à visée humanitaire du rêve à la réalité.
M. P.P Chaudhary, ministre d’État indien pour la Loi et la Justice et ministre de l’électronique et de l’informatique, était l’invité principal de la cérémonie de clôture. Après avoir passé la journée sur le campus de l’université Amrita à visiter les différents laboratoires, départements et centres techniques, il a confié : « Cette conférence inspirante rassemble des experts mondialement reconnus, des visionnaires et des étudiants autour d’un objectif commun : penser et imaginer des technologies qui n’existent pas encore à l’heure actuelle mais qui peuvent être inventées pour résoudre les problèmes de l’humanité. »
Une cérémonie de remise de prix a été organisée pour récompenser les meilleurs articles et poster. Des prix ont été remis à des étudiants de l’Andhra Pradesh et du lycée Amrita de Puthiyakavu.
Après trois journées pendant lesquelles des participants du monde entier ont fait des propositions de solutions pour un avenir durable pour tous - grâce à l’utilisation de la robotique et de l’automatisation pour briser le cycle de la pauvreté dans les classes sociales les plus pauvres - RAHA 2016 a démontré que si l’on est mesure de se mobiliser de façon interdisciplinaire pour participer à un dialogue ouvert afin de tracer la voie à suivre, un changement positif est tout à fait à portée de main.
Endossant son rôle de présidente de l’université Amrita, Amma a rencontré tous les experts et les scientifiques renommés qui avaient été invités à participer à la conférence. La conversation a porté sur de nombreux sujets : Amma s’est montrée inquiète au sujet des personnes vivant aux alentours de Fukushima et reconnaissante envers les robots qui ont contribué au démantèlement de la centrale. Amma a également fait part de ses observations sur l’état de l’innovation technologique en Inde et sur le potentiel qu’elle recèle pour améliorer la qualité de vie, tout particulièrement celle des pauvres qui vivent en milieu rural en Inde. Amma a une fois encore souligné l’importance de conserver l’esprit du débutant afin de rester réceptif à l’autre et de ne jamais cesser d’apprendre tout au long de la vie.
Chercheurs et experts ont exprimé leur reconnaissance à Amma pour avoir accueilli la première conférence au monde sur la robotique à visée humanitaire et lui ont demandé de déployer les solutions innovantes inventées à l’université Amrita dans tous les pays en voie de développement. Amma a donné son accord et a également partagé quelques observations plus générales sur les fondements spirituels de tous les travaux et recherches à orientation de service menés par l’université Amrita. Elle a expliqué la manière dont une vision spirituelle est en mesure de décupler notre volonté et notre capacité à avoir un impact positif sur le monde.