Amrita Vishwa Vidyapeetham exporte la formation professionnelle en Afrique
25 mai 2018 -Kigali, Rwanda
Les laboratoires AMMACHI se sont rendus au Rwanda pour piloter leur stage de réparation de motos, amélioré par les TICE (technologies de l’informatique et de la communication pour l’enseignement). Vingt cinq personnes issues de deux lieux différents y ont participé : 20 étudiants de l’IRPC (Collège polytechnique intégré régional) de Kigali et cinq étudiants du Circle of Sportiff (Cercle de Sportiff), bidonville situé dans la banlieue de la ville.
« Je suis reconnaissante de là où vous nous avez amenés » a déclaré Déborah S., étudiante du Circle de Sportiff. « Nous nous sentons engagés et nous allons poursuivre cette formation et même aller plus loin, de façon à accomplir quelque chose et développer notre propre pays. »
En Inde, les laboratoires AMMACHI de l’université Amrita Vishwa Vidyapeetham, aident les communautés défavorisées depuis 2009, grâce au CVET (enseignement et formation professionnels sur ordinateur). En 2016, l'UNESCO a reconnu la méthodologie CVET comme étant une pratique TVET (enseignement et formation techniques et professionnels) prometteuse pour l'enseignement et la formation professionnels, pratique qui serait applicable dans les pays en voie de développement aux ressources limitées.
En avril 218, Ajay Balakrishnan, responsable du développement du contenu (de la formation) et Srividya Shesadri, docteure chercheuse partenaire, se sont rendus au Rwanda pour piloter un stage de réparation de motos de deux semaines.
L’objectif de ce stage pilote était de perfectionner les compétences des différents groupes de participants en augmentant leurs chances d’accéder à des formations de qualité utilisant la technologie, » a déclaré Balakrishnan.
Le stage pilote s’est déroulé dans le cadre classique de l’IRPC ainsi que dans le cadre informel du bidonville du Circle de Sportiff, en partenariat avec le STEP Innovations Africa (voies sociales, technologiques et environnementales vers un développement durable de l’Afrique). Les étudiants de l’IPRC étaient déjà inscrits dans un cursus de trois ans pour passer un diplôme en ingénierie automobile quand ils ont été sélectionnés pour la formation. Ils étaient très motivés pour participer parce que le stage de réparation de motos est focalisé sur une gamme supplémentaire de compétences utiles – la réparation de motos – non enseignées dans leur cursus primaire.
« L’apprentissage numérique réduit les heures d’enseignement. Quand les étudiants regardent la vidéo, ils sont concentrés et ne se laissent pas distraire. Cela permet également à l’enseignant de dépenser moins d’énergie, de clarifier certains points et d(aider les étudiants à comprendre ce qu’ils ont appris avec les vidéos. C’est une bonne façon d’enseigner et je pense que notre gouvernement devrait la mettre en place, » a déclaré Frederick, instructeur à l’IPRC.
L’idée de donner les cours de formation dans le cadre non classique des bidonvilles du Circle de Sportiff a émergé de façon spontanée pour répondre aux demandes de la communauté de donner une chance à la population d’obtenir un emploi qualifié. Étant donné le taux élevé de pauvreté et de chômage au Rwanda, les responsables locaux et les membres de la communauté ont déclaré qu’il était vital d’aider la jeunesse locale. La plupart des jeunes ne peuvent pas poursuivre leurs études, ni avoir accès aux programmes usuels de développement de compétences. Une action de sensibilisation menée au sein de la communauté et un processus d’entretiens a défini les personnes ayant besoin d’un emploi qualifié et les plus motivées à apprendre. Cinq jeunes chômeurs ont été sélectionnés – trois filles et deux garçons entre 18 et 23 ans.
« C’était enthousiasmant de voir à quelle vitesse s’est créée une communauté d’apprentissage et de pratiques chez les étudiants. Dès le début, ils ont fait preuve de cette capacité à s’aider mutuellement à apprendre, comme dans une équipe, » a souligné Balakrishnan. Sur les deux sites, la formation comprenait des séances théoriques sur ordinateur, suivies de travaux pratiques réalisés sur une vraie moto, supervisés par un instructeur. Et pour terminer, les compétences des étudiants ont été évaluées sur les deux sites de formation : évaluation théorique classique et examen pratique.
« Nous nous sommes rendus compte que nos années d’expérience de mise en place de centres de formation dans les villages reculés en Inde nous ont permis de mettre rapidement et facilement la formation en place dans le bidonville » a déclaré Srividya Sheshadri. « Étant donné les ressources limitées et du fait que c’était une première en dehors de l’Inde, nous nous en sommes tenus exprès à un petit groupe pour être sûrs de garantir une évaluation et un suivi minutieux de l’efficacité de cette méthodologie de formation. »
À terme, l’équipe a l’intention de publier ses résultats, pour apporter sa contribution dans un domaine de recherche émergent, qui a étudié l’impact du développement de compétences fondamentales améliorées par la technologie, sur le développement local et l’émancipation des femmes apprenantes indiennes en milieu rural.
Vers la fin du stage pilote de deux semaines, les étudiants de l’IPRC et ceux du Circle de Sportiff ont eu l’opportunité de se rencontrer pour partager leurs expériences d’apprentissage. Ils ont également discuté de leurs plans pour l’avenir, effectué des réparations ensemble, et reçu des conseils de la cellule entrepreneuriat de l’IPRC sur ce qu’ils envisageaient de faire à la suite du stage.
Le retour de cette expérience a été extrêmement positif. Le chef du village a déclaré : « Nous, membres de la petite communauté du Circle de Sportiff, sommes très reconnaissants envers l’université Amrita pour ce qu’ils nous ont appris. Nous apprécions les efforts qu’ils ont déployés au sein de notre communauté pour nous faire avancer. »
En fait, les étudiants du Circle de Sportiff et de l’IPRC envisagent de continuer leur apprentissage. Ils ont entamé le processus de création d’une coopérative qui fonctionnera comme un garage moto et comme une école pour former d’autres personnes intéressées par la réparation des motos - ce qui ferait de ce garage le premier au Rwanda à être dirigé par des mécaniciennes.
« Ce stage pilote démontre le potentiel et le besoin de développement de compétences essentielles basées sur ICT (technologies de l’informatique et de la communication pour l’enseignement) dans les pays en voie de développement en dehors de l’Inde, » a déclaré Professeure Bhavani Rao, directrice des AMMACHI Labs de l’université Amrita. « De tels programmes sont particulièrement adaptés quand il s’agit de toucher des communautés qui n’ont pas accès aux filières pédagogiques et emplois classiques. Prochaine étape critique, continuer à soutenir le groupe en ce qui concerne la formation de leur coopérative pour maintenir et optimiser leurs compétences afin de générer une source de revenus. »